
Avez-vous déjà imaginé un festival où les participants partent à la chasse aux chats errants pour gagner de l’argent ? En Nouvelle-Zélande, ce scénario hallucinant est pourtant bien réel et suscite une polémique brûlante.
Un festival de chasse aux chats errants
Le festival de North Canterbury, qui s’est tenu le week-end dernier en Nouvelle-Zélande, a pris une tournure controversée. Traditionnellement orienté vers la chasse aux cerfs, sangliers, canards et opossums afin de lever des fonds pour des écoles et une piscine locale, l’événement a introduit une nouvelle cible depuis l’année dernière : les chats errants. L’organisation a décidé d’offrir 500 dollars néo-zélandais (environ 300 euros) au meilleur chasseur, et le double pour celui ou celle qui abattra le plus impressionnant en taille ou en poids.
Cette initiative, impliquant un tiers de participants âgés de moins de 14 ans, a suscité une levée de boucliers parmi les défenseurs des animaux. Environ 1 500 personnes ont participé, abattant 340 chats, une centaine de plus que l’année précédente. Les organisateurs se sont empressés de préciser que des mesures avaient été prises pour s’assurer que seuls les chats errants étaient ciblés, notamment par un processus de piègeage préalable. Malgré ces assurances, les défenseurs des félins ont manifesté leur mécontentement en protestant déguisés en chats mignons.
Un pays amoureux de ses chats
La Nouvelle-Zélande est l’un des pays où le nombre de chats par habitant est le plus élevé au monde, avec près de la moitié de la population possédant au moins un chat. En comparaison, en France, c’est environ un tiers des habitants qui vivent avec un chat. Toutefois, les chats domestiques posent un problème écologique considérable. Lorsqu’ils se promènent à l’extérieur, ces félins indigènes deviennent des prédateurs redoutables pour les oiseaux, lézards et insectes.
A Wellington, par exemple, le simple fait de demander aux propriétaires de garder leurs chats à l’intérieur a permis de redonner vie à certaines espèces d’oiseaux presque éteintes. Cette situation délicate pousse certaines associations de protection de la faune sauvage à militer pour inclure les chats errants dans un programme gouvernemental d’éradication des nuisibles établi en 2016. Ce programme pionnier vise à éliminer les populations de rats, hermines, furets et opossums d’ici 2050, espérant sauver environ 25 millions d’oiseaux chaque année.
Réparation historique ou prise de conscience écologique ?
L’éradication des nuisibles en Nouvelle-Zélande est également motivée par une forme de culpabilité historique. Presque toutes ces espèces prédateurs ont été introduites par les colons blancs au XIXe siècle, perturbant l’équilibre écologique des îles. En éliminant ces envahisseurs, les Néo-Zélandais espèrent restaurer l’écosystème original et symboliquement rendre aux Maoris leurs îles paradisiaques.
Maintenir un équilibre entre l’amour des chats et la biodiversité de la Nouvelle-Zélande est une tâche complexe qui nécessite des décisions difficiles et controversées. Le festival de North Canterbury reflète cette lutte entre tradition, écologie et sensibilité animale. Que vous soyez amoureux des chats ou protecteur de la faune sauvage, ce débat vital pour l’avenir de la biodiversité néo-zélandaise mérite d’être suivi de près.
En définitive, la situation en Nouvelle-Zélande met en lumière la difficile cohabitation entre notre affection pour les animaux domestiques et notre responsabilité envers les habitats naturels. Quelle sera la prochaine étape ? Seul l’avenir nous le dira.